Hoshizora No Comic Garden

Publié le par Roshieru

Lassé des effusions de sang de Resident Evil ? Bienvenue dans le joyeux monde de la bande dessinée japonaise ! Vous avez toujours rêvé d'être mangaka ? Voilà qui tombe bien, l'héroïne aussi. Etudiante et surtout assistante de mangaka, notre charmante jeune fille, les yeux remplis d'étoiles étincelantes, souhaite devenir dessinatrice depuis qu'elle a rencontré, durant son enfance, un beau jeune homme exerçant dans le milieu. Il faut dire que trimer sur des planches en ne dormant que le dimanche et se faire harceller par son manager a de quoi faire fantasmer plus d'une jouvencelle en manque... Parviendra-t-elle à atteindre son rêve du bout des doigts avec l'aide de ses amis aussi séduisants que parfaits ? Et saura-t-elle trouver l'amour par la même occasion, objectif premier de toute jeune fille en fleur, comme tout le monde le sait ?

Hoshizora No Comic Garden, ou Hoshi comi comme le disent les japonais, est (encore) un otome game de plus sur Nintendo DS. On ne s'en plaindra pas, le genre étant encore relativement peu représenté sur la console comparé aux supports que sont le PC et la PS2. Plus encore, le jeu débarque avec son lot de produits dérivés : édition collector (comportant un roman, un drama cd et des cartes postales), d'autres cd drama, un visual fanbook publié chez Enterbrain... D3PUBLISHER (déjà connu pour Vitamin X et Bakumatsu Koihana), l'éditeur, croit en l'avenir de son nouveau poulain et prend soin de sa promotion.
Mais qu'en est-il du jeu ? Cette débauche de produits dérivés est-elle vraiment justifiée ? A-t-on trouvé un nouveau dating sim à la hauteur de Tokimeki Memorial ?
Techniquement, il s'agit sans doute d'un des plus beaux jeux du genre sur DS, même s'il reste encore quelques imperfections. Tout d'abord, la palette d'expressions et d'attitudes des personnages est assez impressionnante (pour un jeu du genre, s'entend), et les modèles très nombreux. Les protagonistes changent régulièrement de vêtements au fil de l'histoire (dans Tokimeki, cela n'arrive qu'au changement de saisons) et les décors sont plutôt variés. Qu'on accroche ou pas au design longiligne de Madoka Machiko, plus connue pour ses boys love, on ne peut nier le soin apporté au visuel. Tokimeki Memorial était déjà d'un très bon niveau mais Hoshizora No Comic Garden parvient à le supplanter. De plus, les musiques sont très agréables à écouter, certains thèmes étant même particulièrement réussis, et l'encodage du son se révèle plutôt propre (pas de crachotements désagréables sur l'opening, une chanson Jpop plutôt acceptable). Côté voix, c'est un peu plus décevant, puisque si les doublages sont bien présents, ceux-ci ne concernent que quelques échanges par-ci, par-là. Même si ça reste un calcul à la louche, seul un tier du jeu est réellement doublé. C'est bien regrettable étant donné le travail des seiyû. La première apparition de Keigo, auteur de manga shôjo plébiscité, est l'un des moments les plus mémorables du jeu, notamment grâce à la voix qui l'accompagne (celle de Midorikawa Hikaru, qui a notamment doublé Heero de Gundam Wing). Quant on voit le soin apporté au reste, on a du mal à saisir ce choix, si ce n'est éventuellement par  manque de moyens. On sait très bien que les cartouches de la DS sont limitées en place mais Tokimeki le fait, avec un code certainement plus gourmand en ressource, donc pourquoi pas les autres jeux ?
Si la partie technique reste à la hauteur malgré ce point noir dans le doublage, il faut tout de même avouer que le fond posera problème au non japonisant. Tout d'abord, on se rapproche bien plus de la visual novel à la Hiiro No Kakera que du vrai dating sim qu'est Tokimeki. Ici, pas de gestion du personnage via des statistiques ou de son emploi du temps. Or, si l'on peut envisager de jouer à Tokimeki avec un japonais basique, le gameplay étant suffisamment riche, autant dire qu'Hoshi comi devient chiant comme la pluie (mais tout de même moins qu'un Hiiro No Kakera, où le soutien d'un dictionnaire électronique est la condition necessaire pour éviter le suicide). De plus il n'existe pas encore de guides en anglais, comme pour Tokimeki... Or, dans une visual novel, ce qui prime, c'est avant tout l'histoire et sa compréhension. Avouons qu'il est quand même dommage de ne pas saisir les dialogues qui composent les 95% du jeu. D'autant plus dommage que certaines scènes sont vraiment amusantes et l'histoire intéressante, avec son petit lot de rebondissements dramatiques. De plus, même si l'on reste malgré tout dans une histoire grandement irréaliste, le métier de mangaka n'est nullement montré de façon idyllique, entre le surmenage de Keigo devant refaire son chapitre au dernier moment suite à la perte de ses planches, son manager qui s'amuse à humilier les jeunes mangaka ou encore le père de l'héroïne qui refuse tout simplement son choix de métier (car il s'agit d'un passe-temps de gamin).
Si l'on met de côté le problème causé par la barrière de la langue (problème finalement récurrent mais toujours à des degrès différents), les mini-jeux basés sur le travail d'un mangaka sont plutôt bien conçus (même s'ils ne semblent avoir aucune influence sur l'histoire même et seulement augmenter les points que l'on marque avec les autres personnages). Il faut, par exemple, encrer le contour des cases, choisir le bon stylo pour le type de travail demandé ou mettre des trames, ainsi que choisir les bons outils (jeu de questions-réponses), tout ça dans un temps limité et avec votre seule dextérité et intelligence pour aide. De plus, ces mini-jeux interviennent de façon suffisamment espacée pour vous éviter l'overdose et, comme Hoshi comi est gentil avec les nuls, il vous est possible de recommencer si vous jugez que votre score est mauvais. A l'inverse, le système de sauvegarde est vraiment mal intégré. Si Hiiro No Kakera bénéficie d'un système de quick save, Hoshi comi impose les instants de sauvegarde et ceux-ci restent rares (au début de chaque chapitre, avant un mini-jeu...). N'imaginez donc pas sauvegarder chaque fois que l'on vous demandera de faire un choix de dialogue, ni parce que vous devez quitter la partie dans l'urgence. Si vous vous trompez, il vous faudra hélas tout recommencer depuis la dernière sauvegarde. Même si l'une des touches de la croix permet de passer rapidement aux options à choisir, sans refaire tout le dialogue, cet aspect reste agaçant. Et c'est d'autant plus frustrant que ce jeu est conçu pour une console portable et qu'il n'y a rien de plus horrible que de devoir recommencer son avancée à cause d'une batterie vide et d'un point de sauvegarde qui n'est pas arrivé à temps...
En terme de construction scénaristique, le jeu se divise en différents chapitres (sept, environ), chacun d'entre eux étant plutôt centré sur l'un ou l'autre des six protagonistes mâles de l'intrigue. Six, ou presque, puisque Ren, meilleur ami de l'héroïne, est une belle femme travestie membre du Takarazuka. Il n'est cependant possible de finir avec elle qu'en ayant achevé le jeu une première fois (son portrait apparaît alors avec les autres sur l'écran de sauvegarde). Le personnage principal est aussi accompagné de Ryô, un autre ami d'enfance, de Keigo, le mangaka à double personnalités, d'Hibiki, auteur de dôjinshi collectionnant les petites amies, de Kyôichi, un seiyû débutant de 17 ans environ, et Kojirô, le démon manager qui prend plaisir à torturer les gens. Le but est bien entendu de les séduire (on est dans un otome game, pas dans un jeu de cuisine). A cette équipe s'ajoute quelques intervenants comme les parents de l'héroïne ou un autre assistant de notre mangaka. On est hélas très loin du nombre de bishônen présents dans Tokimeki mais c'est toujours mieux que le décevant Hana Yori Dango (et au moins, on a un vrai scénario, contrairement à Hana Yori Dango).
Durant chacun de ces chapitres, rythmés par des discussions interminables distillant nombre d'informations sur les héros, un certain nombre de propositions de dialogues apparaissent. De plus, il est aussi possible de se promener en ville à certains moments précis. L'icône d'un autre personnage apparaît au dessus des lieux sélectionnables, indiquant qui l'on peut rencontrer à cet endroit. De temps en temps, il n'est possible que de rencontrer un nombre limité de personnages. On peut aussi ne rencontrer qu'un seul personnage (ou personne) en retournant dans sa chambre. Après avoir choisi la personne avec qui l'on veut papoter, un nouveau dialogue s'ouvre, avec de nouvelles réponses à cliquer. En optant pour les bonnes réponses selon le personnage visé, la jauge d'affection de celui-ci, visible dans le menu de sauvegarde, commencera à se remplir, mais en prime des événements spéciaux se déclencheront parfois. Selon les rapports entretenus avec les personnages, il est possible de déclencher une rivalité entre ceux ayant un taux d'affection élevé et d'obtenir une fin différente.
Les parties sont relativement longues, cependant il n'y a pas réellement de replay value, avec seulement six personnages. Une fois le jeu terminé, il est très simple d'obtenir les autres CGs en usant de l'option skip et en testant les différentes possibilités de réponses. Toutefois, le nombre de CGs est très élevé compte tenu du faible nombre de protagoniste (il y en a 92). De plus, Hoshi comi propose de revoir celles-ci via une galerie (on peut aussi écouter les voix des personnages dont on a gagné la fin dans le mode voice). Option présente dans quasiment tous les otome game mais qu'on est tout de même heureux de retrouver ici. Niveau packaging, l'édition collector est bien entendu meilleure, avec sa boite cartonnée et son contenu introuvable ailleurs. Elle est aussi plus chère. Le roman n'est pas d'une qualité affolante en terme de papier et de reliure, par contre le cd et les cartes postales s'avèrent plus soignés.
Hoshi comi est un jeu plaisant malgré ses lacunes et qui a le mérite de ne pas nous resservir une énième histoire d'écolière. Hélas, le replay-value n'est guère important, si ce n'est pour débloquer Ren qui n'est pas accessible lors d'une première partie et obtenir les images manquantes. Sans demander un repompage médiocre de Tokimeki comme Hana Yori Dango, avec des personnages en plus, une véritable gestion de notre héroïne avec un système de points, un système de sauvegarde moins éreintant, l'on aurait eu l'un des meilleurs jeux du genre sur DS. Car si Hoshi Comi reste addictif et le scénario très bien construit, on est tout de même un peu déçu en terme de gameplay.

Publié dans Otome game

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