Dear Myself de Eiki Eiki

Publié le par Roshieru

Patatra : le pire vient d'arriver à Hirofumi ! Non, celui-ci n'a pas été enlevé par les extraterrestres, comme il le suppose lui-même, mais il vient de retrouver la mémoire. Ou, plutôt, a oublié tout ce qui s'est produit durant deux années pour enfin se souvenir de son enfance perdue jusqu'alors dans les limbes de l'amnésie. Une situation pour le moins délicate, ne serait-ce que sur le plan familial et scolaire. Retrouver ses marques, c'est dur. Mais le pire reste à venir : Hirofumi ne tarde pas à découvrir que son ancien "lui" a, durant ces deux années, entretenu une relation homosexuelle avec Daigo, un camarade de classe ténèbreux. Ils ont été jusqu'à la lettre Z, rendez-vous compte ! Ne reste plus qu'à notre jeune héros de consulter le journal de son ancien "lui", afin de comprendre ce qui est arrivé à cette époque et accepter cette part de lui-même qui le dégoûte...


Après le soporifique et alambiqué Nouveau départ, basé lui aussi sur la thème de l'amnésie, on aurait pu craindre le pire mais ce tout premier manga de Eiki Eiki (coéquipière préférée de Zaou Taishi) s'avère plaisant à suivre même s'il ne révolutionne pas le genre et laisse encore de côté l'érotisme. Le dessin de la mangaka est encore un peu hésitant sur ce volume, ce qui pourra destabiliser les lecteurs de Color ou, pour les amateurs de VO, du girls love Haru natsu aki fuyu, mais on reconnaît bien là le style de l'auteur, avec notamment l'usage très important des trames contrairement à d'autres mangaka du genre.

Bien que doté de personnalités classiques pour un boys love (surtout quand on commence à bien connaître le genre), les personnages sont mis en scène avec cohérence. Hirofumi, découvrant avec horreur qu'il a été gay, éprouve des difficultés à accepter cet aspect méconnu de sa personnalité : avant sa première amnésie, il avait toujours détesté les homosexuels et savoir qu'il est sorti avec l'un d'entre eux le met dans tout ses états. Un comportement qui peut paraître puéril mais n'oublions pas que nous avons affaire à un adolescent devant recomposer son identité sexuelle et nous ne serions pas plus à l'aide dans sa situation. De son côté, Daigo nous est tout d'abord présenté comme le meilleur ami, ce qui présageait pas avance un manga bien ennuyeux, mais l'auteur a heureusement eu l'intelligence de nous rajouter quelques petites surprises le concernant. Sans trop en dévoiler sur l'intrigue, Daigo se révèle très instable mentalement en raison d'un traumatisme et ne survit que grâce à Hirofumi. De plus, la couverture du manga à de quoi nous induire en erreur : habituellement, les mangaka de boys love tendent à indiquer clairement le rôle de chacun dans le couple (il ne faudrait pas destabiliser les lectrices). En raison de sa position dominante, Hirofumi nous apparaît comme le seme et Daigo, dans sa faiblesse, comme le uke, mais c'est l'inverse qui se produit à l'intérieur et Eiki Eiki fait du personnage le plus faible le dominant sur le plan sexuel. Des personnalités classiques, donc, mais un traitement qui essaye de s'écarter de certains clichés (faisant du seme le sauveur de l'univers devant les yeux larmoyants du uke) et ce n'est pas si mal pour un tout premier manga. De plus, le pathos employé par l'auteur qui aurait pu rapidement être étouffant est désamorcé par quelques touches d'humour.

Reste que Dear Myself n'est pas exempt de défauts, le principal étant que Eiki Eiki n'a que très peu de pages pour développer son histoire (contrainte de l'éditeur) et que l'on ressent, une fois le manga terminé, un sentiment d'inachevé désagréable. Par exemple, plutôt que d'ajouter un bonus insipide sur le futur du couple, on aurait préféré découvrir un peu plus le passé de Daigo. De plus, Dear Myself laissera toujours insensible les réfractaires au boys love. Parce qu'au final, il s'agit d'une nouvelle histoire d'amour entre jeunes hommes (adolescents, jeunes adultes...) dans un univers fort peu original. Quoiqu'on en dise, si Pure Love est léger, il a le mérite de nous proposer un univers qui sorte des sentiers battus du boys love. Ceux qui veulent enfin un boys love qui s'intéresse à autre chose que l'amour (tout en lui laissant une place importante) devront attendre Yellow de Makoto Tateno. Il serait par ailleurs intéressant de se pencher sur d'autres de ses titres comme 9th Sleep (paru dans l'ancien Comic Zero de Biblos, le pendant sérieux des Be Boy), one shot fantastique, ou le plus sexplicite et incorrect Steal Moon.

Côté édition, on trouve quelques petites coquilles mais on se félicite d'avoir une traduction plus claire que celle de Nouveau départ (à moins que ce ne soit la mangaka qui fasse des dialogues confus...). Le reste est égal à l'ensemble de la collection boys love d'Asuka. On ne va pas tout le temps répéter la même chose.

Publié dans Boys love

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