Lollipop vol.1 de Ricaco Iketani

En quelques coups de cuillères à pot, elle se retrouve hébergée par une famille inconnue ayant une dette envers son père. Cette cohabitation pourrait être très sympathique si elle n'était pas reléguée dans une annexe prête à s'écrouler, si la mère d'apparence si parfaite n'était pas aussi méprisante et si le fiston de la famille n'était pas aussi agressif envers elle.
Avec sa couverture aux couleurs vives, Lollipop a un peu l'allure d'un shôjo comme les autres, c'est-à-dire peu inspiré et lassant comme la pluie à Lille en Juillet. Fort heureusement pour le porte-monnaie, il n'en est rien et ce manga de Ricaco Iketani s'avère être une bonne surprise de fin d'année 2008.
Il est vrai que sur le plan graphique Lollipop peut paraître rebutant, surtout dans ses premières pages, tant Iketani possède un style unique en son genre, qui ne fera pas forcément l'unanimité auprès des lecteurs de mangas. La mangaka ne s'embarrasse pas de décors s'ils ne sont pas nécessaires à la compréhension de l'action et ses personnages n'ont absolument rien de mignon ou de classe. Autant dire que ceux et celles qui aiment se rincer l'oeil devant de plantureux bishônen vont déchanter et même s'enfuir en hurlant devant tant d'horreurs. Non, Lollipop n'est pas une oeuvre au graphisme léché qui vous fera soupirer d'extase à chaque page. Pourtant, ce serait un tort de s'arrêter à ce simple détail plastique, car cet aspect (qui ne saurait être réellement un défaut) est contrebalancé par le travail fourni sur les expressions des personnages : elles sont volontairement exagérées, parfois caricaturales, et pleines de vie.
Côté scénario, ce premier volume met surtout en place les personnages principaux de l'histoire et les différents liens qui les unis. Madoka, l'héroïne, vit au sein d'une famille imparfaite, entre ses parents alcooliques, joueurs de pachinko, irresponsables, égoïstes et ses grands-parents avec qui elle n'a jamais eu aucun contact. Elle échoue chez les Asagi qui offrent le visage même de la réussite sociale et de l'unité mais le verni ne tarde pas à se fissurer et Madoka se rend compte que les Asagi sont encore plus dysfonctionnels que sa propre famille. Le mari est souvent absent (il n'apparaît qu'une fois dans ce premier volume). Sa femme, elle, a une personnalité perverse, mène des aventures extra-conjugales et brime son fils, Tomoyo, lui interdisant notamment de lire des mangas (roh !). Tomoyo, de son côté, a un comportement très violent et agresse constamment Madoka dans un premier temps, espérant la faire partir, puis finit par se lier d'amitié avec elle. Il y a aussi Ono, camarade de classe de Madoka, Don Juan du lycée. Il offre un visage sympathique à tout le monde mais se plait à manipuler les autres et plus particulièrement l'héroïne. L'auteur montre aussi à diverses occasions sa nature intérieure violente...
Lollipop est plutôt présenté comme une comédie par Akata mais l'humour employé est plutôt grinçant et n'a rien à voir, à titre de comparaison, avec le ton bon enfant et délirant d'Otomen chez le même éditeur. Sans jamais pour autant verser dans le drame ou le tragique, on ne peut tout à fait qualifier ce manga de pure comédie et il n'est pas rare de ressentir de la pitié à l'égard des mésaventures de certains personnages.