Asaki, Yumemishi

"Durant l’été de ma seconde année de lycée, j’ai dû faire face à une requête d’un village campagnard. Le village de Inasagô, encerclé de montagnes dans les quatre directions, était un Paradis pour les ayakashi et les humains. Cet endroit dont je ne me souvenais pas m’était nostalgique… J’y ai passé l'été avec les personnes qui m’étaient chères.
Giô, mon ami ayakashi qui était venu avec moi dans le village.
Shinonome-san, le légèrement douteux informateur, qui m’avait présenté la requête.
Shû-chan, mon cousin, avec qui je ne suis pas lié par le sang, que j’ai retrouvé après deux années.
Takatora-kun, mon cadet exorciste au regard un peu solitaire, poursuivant son ennemi.
Et puis, Chihaya, qui m'était familier pour une raison ou une autre, bien que je devais l’avoir rencontré pour la première fois.
Cette requête d'une simplicité certaine changea complètement avec l’apparition d’un énigmatique ayakashi, Aya.
Des ayakashi hostiles.
Des étrangetés qui se produisent chaque nuit.
Un rêve qui m'invite.
Je ne veux pas me rappeler.
Mais, il y a cette conclusion sanglante dont je dois me rappeler...
Quand ce croissant de lune sera plein, quel genre de fin verrai-je ?"
(traduction et adaptation depuis le texte du site officiel)
Asaki, Yumemishi est le premier otome game sur PC de la compagnie MIO. Sorti en été 2008, le jeu se décline en deux versions : la normale qui ne contient que le jeu et la collector qui contient plusieurs dvd bonus comportant des scénario additionnels (Gohan tsukurô et Kagachi in Nightmare), la bande originale et une carte postale. Ici, seule l'édition simple est testée. Notons cependant que l'édition collector est à peine plus chère que l'édition simple et qu'il est sans aucun doute plus intéressant de l'acheter. Les jeux pc japonais étant de toute manière hors de prix, inutile de se priver d'un surplus de contenu pour une petite poignée de centaines de yens (soit quelques euros). Notons aussi l'initiative de l'éditeur qui propose une version trial et gratuite sur son site, comprenant la plus grande partie du jeu privé de quelques éléments de contenu (la galerie d'images, notamment). Un bon moyen de tester sans gaspiller d'argent.
Bien qu'Asaki, Yumemishi ne soit pas exempt de défauts, sans aucun doute en raison d'un manque de moyens, il faut tout de même saluer le travail prometteur que MIO a mené sur ce tout premier soft.

Comme dans tout bon otome game, l'objectif principal est évidemment de finir avec l'un des jeunes hommes proposés en effectuant les meilleurs choix possibles. Ici, en plus des personnages déjà énoncés dans la présentation, il est aussi possible d'obtenir des fins avec Kagachi, un ayakashi plutôt androgyne, et Ichito, le psychopathe de service et grand ennemi de Takatora. De façon plus mineure, il est aussi possible d'obtenir une fin avec un trio de gentils ayakashi (non, ce n'est pas sale et pervers).
A première vue, le jeu paraît gorgé de romantisme et d'humour, et cela en dépit de son histoire qui se veut sérieuse et remplie de monstres couverts de sang. Certains personnages comme Shinonome Rin (surnommé le pervers à juste titre) ne semblent être là que pour apporter une nuance de comique et amènent des situations improbables considérant le pétrin dans lequel se retrouve les héros. Se disputer et plaisanter au lieu de se battre, oui, on a presque du mal à croire que tout ce petit monde risque quelque chose... Pourtant, faites un seul mauvais choix durant la partie et c'est une mort douloureuse qui attend votre héroïne. Il est d'ailleurs possible de mourir ou de simplement voir son héroïne abandonner sa mission dès le début. Autant dire que sauvegarder fréquemment n'est pas imprudent. Pire encore, si vous ne parvenez pas à gagner le coeur d'un des hommes présents, l'issue sera forcément fatale. De même, si vous ne remplissez pas certaines conditions, la fin gagnée sera forcément mauvaise. L'une fera mourir le grand amour de l'héroïne, l'autre amènera l'un des héros à la tuer... Oh joie ! Le jeu ne propose pas énormément de CGs gore qui risqueraient de vous traumatiser irrémédiablement mais voir l'écran se remplir de sang pendant qu'un ayakashi vous charcute (Ichito, au hasard) n'est pas une expérience plaisante.

Dans l'ensemble, le scénario est bien écrit et compliqué comme on aime (peut-être même trop considérant tous les termes ésotériques...). Par contre, le langage chatié employé par certains personnages - Giô, notamment - vous fera souffrir si vous ignorez totalement le sens de terminaisons classique comme zu, nu et beki ou celui de termes respectueux comme onushi. De plus, afin de comprendre tous les points de l'histoire, il est essentiel de suivre différents personnages. Pas en même temps, au risque de perdre la partie, mais en recommençant depuis le début. Le scénario de Shinonome Rin est à ce titre le plus surprenant car il prend un tournant totalement inattendu (non, ça ne vire pas au fanservice yaoi même si certaines de ses répliques le laisseraient croire, désolée).

Le jeu offre des méchanismes très semblables au restant des visual novel concernant les dialogues et il est inutile d'y revenir en détail. Cependant, il est aussi possible de se déplacer sur une carte durant la journée (puis la nuit un peu plus tardivement dans la partie) afin de rencontrer le personnage de son choix, signalé par sa représentation en chibi. Une discussion s'ensuit avec des réponses à donner. Rien que du très classique. Il est aussi possible d'aller dans une zone où il n'y a personne pour s'entraîner et développer ses pouvoirs d'exorcistes. Cela ne donne pas lieu à un mini-jeu, ce qui est peut-être regrettable, mais est indispensable pour obtenir certaines fins ou personnages. Enfin, à certains moments, quelques lieux sont signalés par un point d'interrogation. Il est alors impossible de savoir sur quel personnage l'on va tomber et autant dire que certaines rencontres ne sont pas toujours... plaisantes. Néanmoins, les concepteurs étant sadiques, il s'agit parfois du seul moyen de débloquer certains personnages. Une fois le jeu achevé ou lorsque certaines conditions sont remplies, il est possible de débloquer des objets à collectionner, n'ayant d'autre utilité que de prouver que vous avez réussi à faire telle ou telle chose dans votre partie, ainsi que des extraits de dialogues pour chaque personnage et des scénettes en plus pour chaque personnage.

Comme le doublage, la musique est très agréable à l'oreille et colle parfaitement à l'ambiance fantastique du titre. Azure studio et Tynwald music ont mené un travail sérieux et certaines pistes rappelleront aux connaisseurs des anime tel que celui de Vampire Princess Miyu. Il est vrai que le titre d'ouverture, Asaki, Yumemishi, reste un morceau de jpop plutôt classique mais on ne peut certainement pas en dire de même de Uranafu hana ni chirinuredo (piste intermédiaire) et Shizume uta (générique de fin) qui emprunte en partie au répertoire de la musique traditionnelle. Les pistes instrumentales sont un peu plus répétitives. Il est en effet regrettable que chaque personnage ne bénéficie pas de son propre thème. Cependant, elles s'intègrent parfaitement à l'action, quelles soient tragiques (Nukegara, Hakanaki yume wo), horrifiques (Yugami no mayu) ou comiques (Itazuru neko ni goyôjin !?).
Hélas, la qualité de l'ensemble n'occulte pas certains défauts qui entache le tout. Tout d'abord, le début est long et chiant. Même après avoir passé la longue introduction, le jeu continue de nous ballader pendant de longues minutes sans que l'on puisse faire un seul choix. De quoi laisser tomber avant même d'avoir commencé à vraiment jouer. Fort heureusement, une seconde partie nous permet de sauter directement ce morceau introductif et d'entrer dans le vif du sujet. De même, il est possible de faire défiler rapidement les longs dialogues déjà lus. Ouf !
Non, ce qui est finalement le plus gênant dans ce jeu, c'est le manque de soin apporté à l'un des protagonistes, c'est-à-dire Ichito. Le jeu nous offre la possibilité de finir avec lui et ce n'est pas si mal de pouvoir s'offrir le côté obscur de la force (Kagachi n'étant qu'un "enfant" perdu). Honnêtement, qui ne fantasme pas de temps en temps de pouvoir ravager le monde au lieu de jouer les héroïnes ingénues ?

Seulement, toute cette partie est bâclée. Après trois ou quatre conversations, plop, l'héroïne finit avec lui. Pas de drame, pas de réel suspense (ou seulement du pseudo suspense). La fin en elle-même est intéressante car l'héroïne prend enfin en main son destin mais le développement est mauvais. Les concepteurs ne peuvent même pas avoir l'excuse du personnage bonus au rôle mineur car Ichito est bien plus présent en jeu que Kagachi, qui à l'inverse a le droit à un véritable scénario. Même les trois ayakashi sont plus chouchoutés. Quant à Shû et son côté ténébreux, il ne peut certainement pas se substituer au psychopathe de l'histoire.
A cela s'ajoute un défaut technique aberrant : les lèvres des personnages ne sont pas animées quand ils parlent. Evidemment, ce n'est certainement pas le premier visual novel à nous infliger cela mais, quand même, le jeu est sorti en 2008 et, à titre de comparaison, les visual novel sur DS ont des personnages dont les lèvres bougent. En plus, si l'on peut comprendre que les développeurs de ce type de jeux n'aient pas les moyens d'imiter la qualité d'un anime, il ne faut pas charrier. Les lèvres sont loin d'être la chose la plus dure à faire. Le jeu est aussi un peu pauvre en CG (beaucoup ne sont que des variations infimes d'un même dessin) et on aurait aimé que certaines scènes soient illustrées.
Tant pis. En dépit de ses défauts, Asaki, yumemishi reste un jeu agréable. Seulement, espérons que certains de ces points noirs soient améliorés pour le suivant.