Le fansub et la scanlation stupides
Note : inauguration d'une nouvelle section inutile donc forcément indispensable à lire.
Dans le petit monde du manga et de l'animation japonaise, il y a de ces passions controversées qui font souvent couler de l'encre virtuelle entre fans sur les plateformes de discussions. Aujourd'hui, rares sont ceux qui ignorent encore ce qu'est le fansub et la scanlation. Rares sont ceux qui ignorent comment se procurer ces traductions illégales d'anime et de mangas, proposées gratuitement (en dehors de scandaleuses dérives) aux internautes par des teams toujours de plus en plus nombreuses, en témoigne la base de donnée d'un site comme Daily Manga. Fansub et scanlation sont pour certains des loisirs qui ne font de mal à personne, pour d'autres une menace à l'encontre du bon développement du marché de la culture populaire japonaise en France. Lorsque les seconds s'attaquent aux premiers, il en découle généralement des échanges de messages dans un jargon fleuri que ne renierait pas un marin alcoolique. Pour un certain nombre de ces pratiquants, s'attaquer aux sacro-saints scanlation et fansub est un crime contre la Liberté de chacun. Que Kana ait envie de publier Naruto ou autre shônen acclamé et réclamé, grand bien lui fasse, les fans sont prêts à lui concéder cette faveur parce qu'après tout c'est grâce à eux qu'ils sortent en France (sic), mais de quel droit irait-il donc empêcher les teams de continuer de diffuser massivement les scans traduits des chapitres fraichement publiés au Japon, s'il vous plaît ? Kana a dû énormément apprécier les réponses d'insultes et les menaces de ces prétendus fans. Cracher à la gueule des éditeurs que l'on supplie pourtant à longueur de journées de publier ceci ou celà, n'est-ce pas une belle contradiction et surtout de l'hypocrisie pure et dure ? N'est-ce pas vouloir le beurre, l'argent et le cul rond de la fermière en même temps ? Ou quand le fansub et la scanlation deviennent stupides.
Je n'ai aucun intérêt pour le fansub et n'en consomme pas au delà de un ou deux drama tous les ans mais je fais de la scanlation depuis un peu plus de deux années maintenant. Comme un certain nombre de fans, il est arrivé un moment où je n'étais plus entièrement satisfaite de ce qu'on nous offrait en France et j'ai eu envie de traduire illégalement pour faire découvrir mes coups de coeur. Sans chercher à justifier ce qui ne l'est pas, le marché du yaoi (ou boys love) n'était pas très développé à l'époque, et l'est à peine plus aujourd'hui. On ne peut pas dire non plus que ce soit la folie furieuse concernant le yuri. Après la traduction, j'ai appris à retoucher graphiquement les mangas. Je ne prétends pas abattre un travail de qualité professionnelle, bien que j'estime mieux me débrouiller que certaines personnes qui se prétendent professionnelles. Vu la qualité de leur production ce n'est pas un exploit qui mérite des louanges. Comme un nombre de personnes relativement important, je suis différentes règles, qui certes ne changent pas grand chose au caractère illégal de la pratique (pauvre convention de Berne) mais permettent une tolérance toute relative des éditeurs. Nous ne cherchons pas à diffuser des mangas dont ils ont les droits et nous arrêtons de diffuser ceux que nous avions commencé à traduire lorsqu'ils les obtiennent. Quand Tonkam a acquis Gakuen Heaven, et qu'Asuka a annoncé Zombie Loan et Color, tout trois en projet dans notre team, nous n'avons certainement pas râlé ni cherché à poursuivre ces projets. Evidemment, ce n'est jamais sans un petit pincement au coeur, surtout lorsque l'on a traduit entièrement la série et consacré plusieurs années de son temps comme c'est le cas pour Mimiyuy et Love Mode (prochainement disponible chez Taifu ! Enfin !). Cependant, nous n'avons aucun droit sur ces mangas et il serait honteux d'enquiquiner les éditeurs là-dessus après avoir milité pour leur publication sur leurs forums et blogs. Aussi, lorsque j'entends parler d'une affaire comme celle de Kana, je ne peux m'empêcher de bondir. Et il ne s'agit pas de la seule chose qui provoque chez moi des réactions épidermiques.
L'univers du fansub et de la scanlation n'est pas si uni qu'il pourrait y paraître d'un point de vu extérieur. Les teams de scanlation qui s'inscrivent sur un site comme celui de Daily Manga s'engagent à suivre une charte qui n'est peut-être pas parfaite mais qui garantit au moins le respect de certains points qui tiennent du bon sens, comme celui de la diffusion des mangas licenciés par les éditeurs français. La plupart des membres ont tout comme moi parfaitement conscience du caractère illégal de leur hobby et savent pertinemment que l'éditeur, qu'il soit japonais, américain, français ou de toute autre nationnalité, a toujours le dernier mot et est toujours dans son bon droit en cas de réclamations. Notons d'ailleurs que, jusqu'à présent, les rares réclamations émanant d'éditeurs ont souvent été formulées de la façon la plus correcte qu'il soit et ne méritent aucunement des réactions épidermiques de puceaux effarouchés. Un éditeur vous demande polimment de retirer un manga ou un anime de votre site, précisant que votre activité est illégale et qu'il serait dans son droit de vous intenter un procès si vous commenciez vraiment à l'énerver ? Quel est le problème ? En quoi est-ce si scandaleux puisqu'il a raison ? Il existe des milliers de séries au Japon qui ne demandent qu'à se faire découvrir. Au lieu de faire du licencié et de tendre le fouet pour se faire battre, ne serait-il pas plus productif (si tant est que cette pratique puisse l'être) de faire découvrir des coups de coeur qui ne verront sans doute jamais le jour en France ? Des histoires qui ne viennent pas de l'unique magazine connu d'une majorité de fans de mangas, qui ne sont pas déjà traduites par des dizaines de teams en concurrence et qui ne seront sûrement pas achetées dans les mois qui suivent en France parce qu'elles font parties des grosses locomotives au Japon ?
Certaines personnes font de la scanlation et du fansub dans l'espoir, peut-être illusoire, d'inciter les éditeurs à publier en France l'oeuvre en question et cela grâce au soutien des gens qui viendront la découvrir sur leur team et iront ensuite la réclamer chez qui de droit. Bien sûr, cette affirmation tombe à l'eau dès lors qu'on se met à traduire du Naruto ou du Death Note, qui eux ne pouvaient que sortir en France étant donné leur succès au Japon. Ici, les teams sont naïves de croire qu'elles y sont vraiment pour quelque chose et que l'éditeur doit leur porter une quelconque gratitude teintée d'admiration. Je traduis - lentement - le manga Kuro Shitsuji et, même s'il ne fait pas les scores d'un One Piece, je ne serais pas du tout étonnée qu'un éditeur comme Asuka (qui a déjà Zombie Loan du même magazine) finisse par l'acheter prochainement. Tout ce que je souhaite, c'est que la traduction et le travail graphique soit à la hauteur de la version originale, que je retrouve l'humour stupide qui m'a séduit. Non, là on parle bien, comme je le disais plus haut, de proposer aux fans des titres méconnus, parfois undergroung comme les mangas de Takeuchi Sachiko chez la team américaine Lililicious, ou plus simple d'accès mais pas plus connu comme les histoires du magazine Comic Yuri Hime. On est en droit de penser que vouloir diffuser des oeuvres méconnues par des pratiques illégales n'est pas une bonne méthode et reste une attitude de cons. D'ailleurs des statistiques tendent à prouver que certains mangas et anime sont plus téléchargés qu'achetés, ce qui à titre personnel me désespère vraiment. Néanmoins, il n'y a pas chez ces gens là volonté de nuire au marché via une concurrence déloyale du tout gratuit, tout téléchargeable. Ne serait-ce qu'au niveau de la scanlation, il est de toute manière impossible qu'une version numérique l'emporte sur le confort apporté par l'édition papier. Ou, alors, il faut être terriblement masochiste pour préférer le numérique au papier. Evidemment, le problème est différent concernant l'anime et son support dvd. Un dvd reste un dvd et, avec les tarifs pratiqués par certains éditeurs et la somnolence des éditeurs à bas tarifs comme Anima, autant dire qu'il est autrement plus tentant de graver. Si on me proposait des versions light, à 20 euros, de toutes les séries qui m'intéressent, autant dire que j'en achéterai plus qu'une ou deux par an... Ceci étant dit, si un dvd reste un dvd, une traduction n'équivaut pas à une autre traduction. Et affirmer que le fansub et la scanlation peuvent se substituer totalement à la version de l'éditeur est risible.

A moins d'être hypocrite ou d'avoir dans les rangs de sa team un traducteur professionnel ainsi que des professionnels du graphisme de longue expérience (comme c'est le cas chez quelques groupes), il est stupide de prétendre que l'on puisse atteindre le même niveau que celui d'un éditeur sérieux qui tire le meilleur de ses collaborateurs. Déjà, beaucoup de teams traduisent de l'anglais et non du japonais, la faute à une pénurie de bonnes âmes émanant des licences de japonais (un comble quand on sait le nombre de consommateurs de fansub et scanlation chez ces étudiants). Parfois, on a même le droit à une traduction en anglais, puis en espagnol, puis enfin en français, ou encore du chinois, à l'anglais, puis au français. Il s'agit donc de retraduction et autant dire que le texte original perd de son sens au passage. Les teams honnêtes préviennent mais ce n'est pas le cas de toutes. Certaines vous affirmeront traduire du japonais alors qu'elles ne le font pas. Le problème à traduire de l'anglais et non du japonais, c'est que l'on recopie aussi les erreurs d'interprétation sans pouvoir les corriger. Un jour, j'ai voulu vérifier ma traduction du japonais d'un one shot yuri - Suika pour les curieux - et j'ai constaté une énorme erreur sur la version anglaise, erreur qui a peut-être été corrigée dans une version plus récente de la release. Les kanji de koibito ( 恋人) qui signifie petit(e) ami(e) avaient été confondus avec henjin ( 変人) qui signifie excentrique. Une erreur de débutant, un contresens monstrueux, qui m'a longtemps laissé perplexe... Autant dire que si je continue à comparer mes traductions avec les versions anglaises quand elles existent, afin de progresser, je me montre bien plus prudente quand je constate une forte divergeance, veillant à ce que le problème vienne bien de moi et pas d'eux. Je fais aussi des erreurs, de grosses erreurs, mais se sont les miennes et j'ai toujours la possibilité de m'en rendre compte en relisant le manga quelques mois plus tard, lorsque mes connaissances auront évolué. Bref, tout ça pour dire que non, il faut arrêter d'avoir un égo démesuré et de prétendre que n'importe quelle team fera mieux qu'un éditeur et lui donnera des leçons en la matière, qu'un étudiant de japonais en première, seconde ou troisième année pourra concurrencer un traducteur ayant peut-être un master et une expérience de plusieurs années. Un très petit nombre en est sans doute capable et je connais quelques personnes qui pourraient donner des cours de retouches d'images aux grands (ah, les fameux carrés blancs bien dégueux...) mais ce n'est pas le cas de l'immense majorité, soit parce que l'on fait des erreurs même avec la meilleure volonté du monde, soit parce que l'on ne se donne pas le mal de s'investir réellement.
Maîtriser des logiciels professionnels de graphisme (ou de vidéo pour le fansub) et une ou plusieurs langues étrangères demande beaucoup de travail et de motivation. Certaines personnes sont polyvalentes mais beaucoup galèrent déjà pour savoir quand mettre -er à un simple verbe en français et s'acharne pourtant à occuper des postes dans les teams comme la traduction ou la correction... Allez donc essayer de traduire ou corriger quoi que ce soit quand vous êtes incapable de comprendre des règles simples du français. On a tous débutés et on commet tous des fautes d'orthographe. Ce texte est certainement bourré de fautes d'inattention, l'une de mes grandes spécialités. Jusqu'au lycée, j'avais des notes négatives en orthographe alors que je dévorais plus de dix livres par semaine. Mon incapacité à comprendre ces saletés de -er conférait à la malédiction. Cependant, on peut apprendre à utiliser les outils pour s'améliorer, combler ses faiblesses et enfin progresser. Côté graphisme, il faut garder constamment à l'esprit qu'une adaptation à la truelle ne sera certainement pas agréable pour le lecteur. Ce n'est pas parce qu'on fait un travail d'amateur qu'il faut le saloper. Ceci est particulièrement vrai pour les onomatopées. Créer ses propres polices pour les onomatopées est compliqué mais un site comme dafont offre suffisamment de ressources gratuites pour que l'on puisse offrir une qualité honnête au lecteur. Avec un peu de temps et de patience, il est très facile de créer des onomatopées tramées ou disparaissant derrière un personnage ou un décor, et donc de se rapprocher du graphisme proposé par la version originale. Evidemment, cela ne remplacera jamais le travail d'un vrai lettreur capable de créer des polices sur mesure.
Beaucoup de gens pensent que la scanlation et le fansub sont faciles. Ils se lancent dans le domaine sans rien y connaître, sans savoir quels outils utiliser et en pensant qu'ils vont tout révolutionner, tout abattre. Imaginez une personne se lançant dans l'édition du manga avec les mêmes compétences... Il faut beaucoup de temps libre, de l'organisation et de la rigueur. Une partie craque rapidement sous la pression et disparaît parfois sans même avoir sorti un chapitre, une autre cherche à s'améliorer en suivant les conseils des aînés et le reste ne se donne aucun mal car de toute manière les internautes téléchargent sans aucun discernement leur travail et les couronnent de louanges (avec ça, il ne faut pas s'étonner de la fierté mal placée de certains). Ce qui amène un second problème : pour beaucoup, la scanlation et le fansub n'est finalement pas la possibilité de faire connaître des mangas et des anime mais plutôt de s'attirer une meute d'adorateurs bavant d'extase devant la future release du groupe et d'entrer en concurrence avec les autres teams. D'où l'intérêt pour eux de mettre la main sur les mangas qui attireront la foule, généralement ceux que l'on retrouve en tête des ventes en France et au Japon... Voilà pourquoi ils insultent les éditeurs dès lors qu'ils essayent de stopper cette gloire qui pourtant était vouée à n'être qu'éphémère dès le départ. Je ne serais pas hypocrite. J'aime moi aussi recevoir des appréciations positives sur mon travail, et des critiques aussi pour pouvoir progresser. On ne fait pas quelque chose pour le mettre sur le net sans espérer avoir quelques retours. C'est pareil concernant les fanfics. Néanmoins, il y a une différence entre
apprécier les compliments et vivre pour cela. Il y a une différence entre s'attacher à produire des scanlations et fansub de qualité et aller dans des dérives ridicules et improductives comme le speedsub (ou speedscan) tout ça pour être le premier. Avec le speedsub, on assiste à un concours de conneries où le gagnant est celui qui sortira le plus vite le nouveau chapitre/épisode et avec le plus de fautes possibles, je vous prie. Cela vaut les comparaisons de taille de pénis entre mecs. Une adaptation féminine de cette pratique sociale consiste à comparer ses seins avec ceux de ses amies dans les vestiaires de sport du lycée. Si en plus on peut y coller une touche de langage SMS pour aller plus vite, alors on atteint le summum de la perfection aliénante. De toute façon, l'internaute est illetré et ne demande pas de qualité, alors pourquoi se donner du mal ? A cela s'ajoute cette détestable habitude de laisser des mots en japonais pour se la jouer alors qu'il existe des dizaines de formulations possibles en français... Encore quelque chose qui me rend malade. La langue française me paraît assez riche en nuances pour qu'un bon littéraire et traducteur puisse trouver une coloration équivalente dans notre langage. Heureusement que le traducteur des Terry Pratchett ne nous laisse pas des personnages parlant en patois anglais sous-prétexte que c'est difficile à rendre en français... Ceci dit, on pourra modérer cette dernière remarque sur l'adaptation des termes japonais en notant que les professeurs sont frilleux ou contradictoires sur le traitement de certains mots, notamment les suffixes. Certains me demandaient de traduire "san" par "monsieur", "madame" ou "mademoiselle" selon le contexte et de remplacer "chan" par un terme affectif quelconque, d'autres de laisser tel quel en se cachant derrière de mauvais prétextes. Comment voulez-vous y comprendre quoi que ce soit ensuite ? D'autant plus quand les éditeurs eux-même ont des politiques d'adaptions différentes sur ce point ? Pour ma part, il m'est parfois difficile de savoir si je vais garder ces suffixes ou pas dans une traduction. Pour Kuro Shitsuji, je ne me suis pas posée la question puisque l'histoire de passe en Angleterre et que faire dire "san" aux personnages aurait été ridicule. A l'inverse, trouver une nuance adéquate pour traduire un terme comme "senpai" n'est pas toujours évident. Tout comme "chan". Pourrait-on dire "ma petite Maki" au lieu de Maki-chan ?

Cependant, à n'en pas douter, beaucoup de traducteurs amateurs ne se posent pas autant de questions sur les problèmes de traduction et ne réfléchissent pas bien loin. C'est ainsi qu'on se retrouve avec un mot comme "onsen" plutôt que "source d'eau chaude" ou "source chaude". Quand il y a un réel manque de place dans une bulle, l'usage d'"onsen" avec une note explicative peut se justifier. Mais dans le cas contraire... Et puis, comment justifier les "oneesan" ou "oniisan" dont certains fansub et scanlation nous gratifient ? Imaginez-vous un roman traduit de l'anglais au français où figurerait encore des termes en anglais qui n'ont pas été adoptés chez nous ? Imaginez-vous des personnages s'écriant "j'ai une sister et un brother. J'aime aller au hot spring" ? Il faut arrêter de supposer que le lecteur comprendra forcément. Il faut arrêter de proposer des moitiés de traduction. Quant aux notes culturelles qui viendraient expliquer le tout... Elles ne font que gâcher les fansub et scanlation dans la majorité des cas. Certaines se justifient. Des éditeurs eux-même en mettent. Mais dans la plupart des cas, elles n'apportent strictement rien à la comprehension. Et s'il est simple de trouver un petit coin de planche où les glisser ou d'ajouter quelques pages à la fin d'un manga, pourquoi, mais pourquoi nous les asséner sur l'anime même lorsqu'il est possible de créer une page de référence sur son site répertoriant tous les points pouvant poser des problèmes de compréhensions ? Arrêtons de faire du fansub et du scantrad stupide. Quitte à avoir l'orgueil démesuré de se prétendre meilleur que les éditeurs, alors autant faire l'effort de le prouver. Car en l'état, la majorité des teams produisent un travail qui donne envie de se percer les yeux avec des fourchettes (de quoi concurrencer la qualité d'un Vassalord chez Kami). Quand on voit cela, on comprend l'un des arguments des opposants de ces pratiques illégales : ces soit-disant fans ne font que détériorer et montrer une mauvaise image des mangas et des anime qu'ils traduisent. Auriez-vous envie d'acheter une oeuvre que vous auriez découverte mal traduite ? Non ! Quand on ne comprend rien à l'histoire d'un anime à cause d'une traduction produite sous l'effet de la cocaïne, on ne s'imagine pas quelle sera meilleure chez l'éditeur.
Un jour ou l'autre, peut-être plus proche qu'on ne le croit, les éditeurs japonais (plus que les américains ou les français, à mon humble avis) se lanceront en campagne contre toutes ces teams qui violent leurs droits et ceux de leurs auteurs. A ce moment là, il y aura ceux qui auront toujours su que cela arriverait parce que les lois sont ainsi faites et qui arrêteront sans faire de vagues, et ceux qui n'auront toujours rien compris et opteront pour un comportement d'hystériques congénitaux ou de petits singes hurleurs. Les éditeurs, eux, adopteront peut-être certaines recettes de ces pratiques illégales pour créer une nouvelle façon de consommer le manga à l'étranger, via un contenu dématérialisé et disponible en anglais ou en français dans des délais courts. Tant qu'il ne s'inspire pas des mauvaises recettes des teams... On sait déjà que les lecteurs sont intéressés de découvrir au plus tôt les gros succès de Jump et consort. Quelques initiatives ont d'ailleurs été proposées, y compris au niveau du comic book, mais celles-ci ne semblent pas toujours rencontrer un écho chez les clients potentiels, qui de façon générale ne sont même pas toujours au courant de ces possibilités alternatives. Evidemment, une part des partisans du fansub et du scanlation serait fortement contrariée que l'on marche sur leurs platebandes pseudo-libertaires, surtout lorsqu'ils sont intimement persuadés d'être meilleurs en tout et d'être à la source du succès du manga en Occident. C'est vrai, que serait le monde des fans sans le fansub et la scanlation stupide, je vous le demande... Quoi qu'il en soit, le jour où ces pratiques disparaîtront, espérons que cela signifie qu'il sera devenu plus simple pour le lecteur français de se procurer légalement beaucoup plus de mangas et d'anime dans notre langue et ceci avec de bonnes traduction et de bonnes adaptations graphique.
PS : j'ai commis la traduction et l'adaptation graphique de chacune des planches et vignettes de cet article. Tous les défauts constatés sont authentiquement de moi.
Planche 1 : Ani no koibito de Nomoto Akeru, issu du magazine Hug, sauf erreur de ma part.
Planche 2 : Suika de Yoshitomi Akihito (issu du magazine moe yuri Comic Yuri Hime S).
Planche 3 : Yokan de Makoto Tateno.
Planche 4 : Onna no ko awase de Morishima Asako (provenant de l'anthologie collective et érotico-concon Wildrose).
Planche 5 : Fortune Ring de Kashiwabara Mami (issu du magazine Comic Yuri Hime S).
Dans le petit monde du manga et de l'animation japonaise, il y a de ces passions controversées qui font souvent couler de l'encre virtuelle entre fans sur les plateformes de discussions. Aujourd'hui, rares sont ceux qui ignorent encore ce qu'est le fansub et la scanlation. Rares sont ceux qui ignorent comment se procurer ces traductions illégales d'anime et de mangas, proposées gratuitement (en dehors de scandaleuses dérives) aux internautes par des teams toujours de plus en plus nombreuses, en témoigne la base de donnée d'un site comme Daily Manga. Fansub et scanlation sont pour certains des loisirs qui ne font de mal à personne, pour d'autres une menace à l'encontre du bon développement du marché de la culture populaire japonaise en France. Lorsque les seconds s'attaquent aux premiers, il en découle généralement des échanges de messages dans un jargon fleuri que ne renierait pas un marin alcoolique. Pour un certain nombre de ces pratiquants, s'attaquer aux sacro-saints scanlation et fansub est un crime contre la Liberté de chacun. Que Kana ait envie de publier Naruto ou autre shônen acclamé et réclamé, grand bien lui fasse, les fans sont prêts à lui concéder cette faveur parce qu'après tout c'est grâce à eux qu'ils sortent en France (sic), mais de quel droit irait-il donc empêcher les teams de continuer de diffuser massivement les scans traduits des chapitres fraichement publiés au Japon, s'il vous plaît ? Kana a dû énormément apprécier les réponses d'insultes et les menaces de ces prétendus fans. Cracher à la gueule des éditeurs que l'on supplie pourtant à longueur de journées de publier ceci ou celà, n'est-ce pas une belle contradiction et surtout de l'hypocrisie pure et dure ? N'est-ce pas vouloir le beurre, l'argent et le cul rond de la fermière en même temps ? Ou quand le fansub et la scanlation deviennent stupides.

L'univers du fansub et de la scanlation n'est pas si uni qu'il pourrait y paraître d'un point de vu extérieur. Les teams de scanlation qui s'inscrivent sur un site comme celui de Daily Manga s'engagent à suivre une charte qui n'est peut-être pas parfaite mais qui garantit au moins le respect de certains points qui tiennent du bon sens, comme celui de la diffusion des mangas licenciés par les éditeurs français. La plupart des membres ont tout comme moi parfaitement conscience du caractère illégal de leur hobby et savent pertinemment que l'éditeur, qu'il soit japonais, américain, français ou de toute autre nationnalité, a toujours le dernier mot et est toujours dans son bon droit en cas de réclamations. Notons d'ailleurs que, jusqu'à présent, les rares réclamations émanant d'éditeurs ont souvent été formulées de la façon la plus correcte qu'il soit et ne méritent aucunement des réactions épidermiques de puceaux effarouchés. Un éditeur vous demande polimment de retirer un manga ou un anime de votre site, précisant que votre activité est illégale et qu'il serait dans son droit de vous intenter un procès si vous commenciez vraiment à l'énerver ? Quel est le problème ? En quoi est-ce si scandaleux puisqu'il a raison ? Il existe des milliers de séries au Japon qui ne demandent qu'à se faire découvrir. Au lieu de faire du licencié et de tendre le fouet pour se faire battre, ne serait-il pas plus productif (si tant est que cette pratique puisse l'être) de faire découvrir des coups de coeur qui ne verront sans doute jamais le jour en France ? Des histoires qui ne viennent pas de l'unique magazine connu d'une majorité de fans de mangas, qui ne sont pas déjà traduites par des dizaines de teams en concurrence et qui ne seront sûrement pas achetées dans les mois qui suivent en France parce qu'elles font parties des grosses locomotives au Japon ?
Certaines personnes font de la scanlation et du fansub dans l'espoir, peut-être illusoire, d'inciter les éditeurs à publier en France l'oeuvre en question et cela grâce au soutien des gens qui viendront la découvrir sur leur team et iront ensuite la réclamer chez qui de droit. Bien sûr, cette affirmation tombe à l'eau dès lors qu'on se met à traduire du Naruto ou du Death Note, qui eux ne pouvaient que sortir en France étant donné leur succès au Japon. Ici, les teams sont naïves de croire qu'elles y sont vraiment pour quelque chose et que l'éditeur doit leur porter une quelconque gratitude teintée d'admiration. Je traduis - lentement - le manga Kuro Shitsuji et, même s'il ne fait pas les scores d'un One Piece, je ne serais pas du tout étonnée qu'un éditeur comme Asuka (qui a déjà Zombie Loan du même magazine) finisse par l'acheter prochainement. Tout ce que je souhaite, c'est que la traduction et le travail graphique soit à la hauteur de la version originale, que je retrouve l'humour stupide qui m'a séduit. Non, là on parle bien, comme je le disais plus haut, de proposer aux fans des titres méconnus, parfois undergroung comme les mangas de Takeuchi Sachiko chez la team américaine Lililicious, ou plus simple d'accès mais pas plus connu comme les histoires du magazine Comic Yuri Hime. On est en droit de penser que vouloir diffuser des oeuvres méconnues par des pratiques illégales n'est pas une bonne méthode et reste une attitude de cons. D'ailleurs des statistiques tendent à prouver que certains mangas et anime sont plus téléchargés qu'achetés, ce qui à titre personnel me désespère vraiment. Néanmoins, il n'y a pas chez ces gens là volonté de nuire au marché via une concurrence déloyale du tout gratuit, tout téléchargeable. Ne serait-ce qu'au niveau de la scanlation, il est de toute manière impossible qu'une version numérique l'emporte sur le confort apporté par l'édition papier. Ou, alors, il faut être terriblement masochiste pour préférer le numérique au papier. Evidemment, le problème est différent concernant l'anime et son support dvd. Un dvd reste un dvd et, avec les tarifs pratiqués par certains éditeurs et la somnolence des éditeurs à bas tarifs comme Anima, autant dire qu'il est autrement plus tentant de graver. Si on me proposait des versions light, à 20 euros, de toutes les séries qui m'intéressent, autant dire que j'en achéterai plus qu'une ou deux par an... Ceci étant dit, si un dvd reste un dvd, une traduction n'équivaut pas à une autre traduction. Et affirmer que le fansub et la scanlation peuvent se substituer totalement à la version de l'éditeur est risible.

A moins d'être hypocrite ou d'avoir dans les rangs de sa team un traducteur professionnel ainsi que des professionnels du graphisme de longue expérience (comme c'est le cas chez quelques groupes), il est stupide de prétendre que l'on puisse atteindre le même niveau que celui d'un éditeur sérieux qui tire le meilleur de ses collaborateurs. Déjà, beaucoup de teams traduisent de l'anglais et non du japonais, la faute à une pénurie de bonnes âmes émanant des licences de japonais (un comble quand on sait le nombre de consommateurs de fansub et scanlation chez ces étudiants). Parfois, on a même le droit à une traduction en anglais, puis en espagnol, puis enfin en français, ou encore du chinois, à l'anglais, puis au français. Il s'agit donc de retraduction et autant dire que le texte original perd de son sens au passage. Les teams honnêtes préviennent mais ce n'est pas le cas de toutes. Certaines vous affirmeront traduire du japonais alors qu'elles ne le font pas. Le problème à traduire de l'anglais et non du japonais, c'est que l'on recopie aussi les erreurs d'interprétation sans pouvoir les corriger. Un jour, j'ai voulu vérifier ma traduction du japonais d'un one shot yuri - Suika pour les curieux - et j'ai constaté une énorme erreur sur la version anglaise, erreur qui a peut-être été corrigée dans une version plus récente de la release. Les kanji de koibito ( 恋人) qui signifie petit(e) ami(e) avaient été confondus avec henjin ( 変人) qui signifie excentrique. Une erreur de débutant, un contresens monstrueux, qui m'a longtemps laissé perplexe... Autant dire que si je continue à comparer mes traductions avec les versions anglaises quand elles existent, afin de progresser, je me montre bien plus prudente quand je constate une forte divergeance, veillant à ce que le problème vienne bien de moi et pas d'eux. Je fais aussi des erreurs, de grosses erreurs, mais se sont les miennes et j'ai toujours la possibilité de m'en rendre compte en relisant le manga quelques mois plus tard, lorsque mes connaissances auront évolué. Bref, tout ça pour dire que non, il faut arrêter d'avoir un égo démesuré et de prétendre que n'importe quelle team fera mieux qu'un éditeur et lui donnera des leçons en la matière, qu'un étudiant de japonais en première, seconde ou troisième année pourra concurrencer un traducteur ayant peut-être un master et une expérience de plusieurs années. Un très petit nombre en est sans doute capable et je connais quelques personnes qui pourraient donner des cours de retouches d'images aux grands (ah, les fameux carrés blancs bien dégueux...) mais ce n'est pas le cas de l'immense majorité, soit parce que l'on fait des erreurs même avec la meilleure volonté du monde, soit parce que l'on ne se donne pas le mal de s'investir réellement.

Beaucoup de gens pensent que la scanlation et le fansub sont faciles. Ils se lancent dans le domaine sans rien y connaître, sans savoir quels outils utiliser et en pensant qu'ils vont tout révolutionner, tout abattre. Imaginez une personne se lançant dans l'édition du manga avec les mêmes compétences... Il faut beaucoup de temps libre, de l'organisation et de la rigueur. Une partie craque rapidement sous la pression et disparaît parfois sans même avoir sorti un chapitre, une autre cherche à s'améliorer en suivant les conseils des aînés et le reste ne se donne aucun mal car de toute manière les internautes téléchargent sans aucun discernement leur travail et les couronnent de louanges (avec ça, il ne faut pas s'étonner de la fierté mal placée de certains). Ce qui amène un second problème : pour beaucoup, la scanlation et le fansub n'est finalement pas la possibilité de faire connaître des mangas et des anime mais plutôt de s'attirer une meute d'adorateurs bavant d'extase devant la future release du groupe et d'entrer en concurrence avec les autres teams. D'où l'intérêt pour eux de mettre la main sur les mangas qui attireront la foule, généralement ceux que l'on retrouve en tête des ventes en France et au Japon... Voilà pourquoi ils insultent les éditeurs dès lors qu'ils essayent de stopper cette gloire qui pourtant était vouée à n'être qu'éphémère dès le départ. Je ne serais pas hypocrite. J'aime moi aussi recevoir des appréciations positives sur mon travail, et des critiques aussi pour pouvoir progresser. On ne fait pas quelque chose pour le mettre sur le net sans espérer avoir quelques retours. C'est pareil concernant les fanfics. Néanmoins, il y a une différence entre


Cependant, à n'en pas douter, beaucoup de traducteurs amateurs ne se posent pas autant de questions sur les problèmes de traduction et ne réfléchissent pas bien loin. C'est ainsi qu'on se retrouve avec un mot comme "onsen" plutôt que "source d'eau chaude" ou "source chaude". Quand il y a un réel manque de place dans une bulle, l'usage d'"onsen" avec une note explicative peut se justifier. Mais dans le cas contraire... Et puis, comment justifier les "oneesan" ou "oniisan" dont certains fansub et scanlation nous gratifient ? Imaginez-vous un roman traduit de l'anglais au français où figurerait encore des termes en anglais qui n'ont pas été adoptés chez nous ? Imaginez-vous des personnages s'écriant "j'ai une sister et un brother. J'aime aller au hot spring" ? Il faut arrêter de supposer que le lecteur comprendra forcément. Il faut arrêter de proposer des moitiés de traduction. Quant aux notes culturelles qui viendraient expliquer le tout... Elles ne font que gâcher les fansub et scanlation dans la majorité des cas. Certaines se justifient. Des éditeurs eux-même en mettent. Mais dans la plupart des cas, elles n'apportent strictement rien à la comprehension. Et s'il est simple de trouver un petit coin de planche où les glisser ou d'ajouter quelques pages à la fin d'un manga, pourquoi, mais pourquoi nous les asséner sur l'anime même lorsqu'il est possible de créer une page de référence sur son site répertoriant tous les points pouvant poser des problèmes de compréhensions ? Arrêtons de faire du fansub et du scantrad stupide. Quitte à avoir l'orgueil démesuré de se prétendre meilleur que les éditeurs, alors autant faire l'effort de le prouver. Car en l'état, la majorité des teams produisent un travail qui donne envie de se percer les yeux avec des fourchettes (de quoi concurrencer la qualité d'un Vassalord chez Kami). Quand on voit cela, on comprend l'un des arguments des opposants de ces pratiques illégales : ces soit-disant fans ne font que détériorer et montrer une mauvaise image des mangas et des anime qu'ils traduisent. Auriez-vous envie d'acheter une oeuvre que vous auriez découverte mal traduite ? Non ! Quand on ne comprend rien à l'histoire d'un anime à cause d'une traduction produite sous l'effet de la cocaïne, on ne s'imagine pas quelle sera meilleure chez l'éditeur.
Un jour ou l'autre, peut-être plus proche qu'on ne le croit, les éditeurs japonais (plus que les américains ou les français, à mon humble avis) se lanceront en campagne contre toutes ces teams qui violent leurs droits et ceux de leurs auteurs. A ce moment là, il y aura ceux qui auront toujours su que cela arriverait parce que les lois sont ainsi faites et qui arrêteront sans faire de vagues, et ceux qui n'auront toujours rien compris et opteront pour un comportement d'hystériques congénitaux ou de petits singes hurleurs. Les éditeurs, eux, adopteront peut-être certaines recettes de ces pratiques illégales pour créer une nouvelle façon de consommer le manga à l'étranger, via un contenu dématérialisé et disponible en anglais ou en français dans des délais courts. Tant qu'il ne s'inspire pas des mauvaises recettes des teams... On sait déjà que les lecteurs sont intéressés de découvrir au plus tôt les gros succès de Jump et consort. Quelques initiatives ont d'ailleurs été proposées, y compris au niveau du comic book, mais celles-ci ne semblent pas toujours rencontrer un écho chez les clients potentiels, qui de façon générale ne sont même pas toujours au courant de ces possibilités alternatives. Evidemment, une part des partisans du fansub et du scanlation serait fortement contrariée que l'on marche sur leurs platebandes pseudo-libertaires, surtout lorsqu'ils sont intimement persuadés d'être meilleurs en tout et d'être à la source du succès du manga en Occident. C'est vrai, que serait le monde des fans sans le fansub et la scanlation stupide, je vous le demande... Quoi qu'il en soit, le jour où ces pratiques disparaîtront, espérons que cela signifie qu'il sera devenu plus simple pour le lecteur français de se procurer légalement beaucoup plus de mangas et d'anime dans notre langue et ceci avec de bonnes traduction et de bonnes adaptations graphique.
PS : j'ai commis la traduction et l'adaptation graphique de chacune des planches et vignettes de cet article. Tous les défauts constatés sont authentiquement de moi.
Planche 1 : Ani no koibito de Nomoto Akeru, issu du magazine Hug, sauf erreur de ma part.
Planche 2 : Suika de Yoshitomi Akihito (issu du magazine moe yuri Comic Yuri Hime S).
Planche 3 : Yokan de Makoto Tateno.
Planche 4 : Onna no ko awase de Morishima Asako (provenant de l'anthologie collective et érotico-concon Wildrose).
Planche 5 : Fortune Ring de Kashiwabara Mami (issu du magazine Comic Yuri Hime S).