Le parfum de Kaori Yuki

La spécialiste des contes morbides a encore récidivé.
Depuis peu, Tonkam a accéléré le rythme de publication des oeuvres de Kaori Yuki. Ainsi se sont succédés en peu de temps une réédition d'Angel Sanctuary et la sortie des inédits Fairy Cube, Ludwig Révolution, Vampire Host, Kainé, Boy's next door et le manga ici présent sorti en Juillet 2008.
Que nous réserve Le parfum de nouveau comparé aux précédentes oeuvres ? Même si ce manga se situe plutôt dans le haut du panier de sa production, pas grand chose, il faut l'avouer. Kaori Yuki nous propose encore une succession d'enquêtes où sont mis en scène des personnages tous plus dérangés les uns que les autres. Si on échappe cette fois-ci à l'inceste ou au sado-masochisme, on a tout de même droit à des drames familiaux et d'amitié bien tordus. D'un autre côté, si le fond des histoires en garde la saveur, Kaori Yuki quitte un peu l'esthétisme gothique (japonais) qui commençait à devenir lourdingue sur certains de ses mangas. Mieux encore, elle n'hésite pas à parodier ses précédents personnages à travers l'excentrique Asura Araragi, rédactrice en chef du magazine gothique Sorcière. Parodie qui ne dure pas, hélas, puisque Asura retrouve bien vite un rôle sérieux de circonstance... Ne soyons pas trop négatif : le contexte en lui-même a le mérite d'être original et évite malgré tout un trop grand air de déjà vu. Kanadé n'est pas un succédané de Cain, Ludwig ou Setsuna. On en regretterait presque que l'auteur n'ait pas exploité ses personnages dans une série, ce qui aurait permis de leur donner un peu plus d'épaisseur et d'exploiter de façon plus efficace les liens qui les rattachent. Côté dessin, on retrouve sur les protagonistes le trait net de ses plus récentes productions, ainsi que le côté parfois surchargé ou brouillon de sa mise en scène. Pas de réelle (r)évolution de ce côté là.
Le parfum plaira aux fans de la mangaka pour réutiliser les recettes appréciées tout en sachant renouveler certains points tandis que les détracteurs ne seront sans doute pas plus convaincus qu'avant, puisqu'ils trouveront ici les défauts généralement reprochés. Ceci dit, à un peu moins de 6 euros, ce shôjo au goût de thriller horrifique peut être un bon investissement pour ceux qui cherchent une lecture du genre. Notons la couverture très agréable à l'oeil, avec sa pellicule de rouge brillant pour le titre et les arabesques. Un cadeau de consolation faute d'avoir la traduction des onomatopées...