Clover de Otsu Hiyori

Ce manga n'est pas encore sorti en France.
Clover est issu du magazine Comic Yuri Hime (à ne pas confondre avec la collection Yuri Hime Comics du même éditeur qui rassemble les oeuvres de leur deux magazines yuri). Pour ceux qui ne suivent toujours pas, Comic Yuri Hime, créé en Juillet 2005, est à 70% lu par des femmes principalement âgée de 20 à 40 ans. A l'inverse, Comic Yuri Hime S est destiné à un lectorat masculin même s'il n'existe pas encore de statistiques sur le site d'Ichijinsha pour vérifier si les femmes ont effectivement déserté ce magazine très moe. En tant que mangaka, Otsu Hiyori est un (ou une) nouveau venu, du moins dans le genre yuri et sous ce pseudonyme.
Une majorité de lecteurs de yuri trouveront sans doute Clover ennuyeux dans le sens où les romances développées ici ne vont jamais au delà du simple baiser. On est loin de l'érotisme d'un Hanjuku joshi et de la quasi-pornographie d'un Yuri hime Wildrose ou d'un Shôjo sect. De plus, si l'on excepte le couple formé par Midori (l'une des quatre soeurs Tachibana) et Sugiura dont l'aventure s'achève sur le voeu d'une union maritale, Clover place aussi très haut la subtile distinction entre amitié fusionnelle et amour.
Chaque histoire est indépendante des autres, à l'exception de la partie consacrée à Midori et Sugiura qui comporte deux chapitres, l'un centré sur leur rencontre, l'autre sur l'évolution de leur couple jusqu'à l'âge adulte. Le lecteur est amené à rencontrer tour à tour l'une des soeurs de la famille Tachibana, unies comme les quatre feuilles d'un trèfle. Curieusement, il s'avère qu'elles se retrouvent toutes avec des jeunes filles merveilleuses... Voilà le genre de miracle ou de chance qu'on ne croyait possible que dans le boys love.

La mise en scène de Otsu Hiyori est à l'image de ses dialogues et de ses scénarios : toute en sobriété. Le style épuré, concis, rappelle parfois Kiki (Love Me Tender) et l'impression de vide de certaines cases est encore plus accentué par le grand format du manga. Seuls les protagonistes, leurs expressions, les gestes qu'ils ont pour l'autre sont mis en valeur. Le reste, comme les décors, n'a pas grande importance.
Il se dégage de ce manga quelque chose de reposant et d'aérien mais peut-être aussi de moins facile d'accès pour la plupart des lecteurs et encore plus pour ceux qui ne sont pas du tout amateur du style "tranche de vie". Néanmoins, Clover prouve s'il était besoin que le yuri, genre encore jeune et en plein développement éditorial au Japon, s'exprime sous des formes fort différentes et à travers des mangaka d'influences diverses. Reste qu'avec son développement commercial il est fort probable que cette créativité se retrouve étouffée, comme pour le boys love.